L’armement des agents de sécurité en Europe
Face à la multiplication des risques et aux difficultés financières des États, la sécurité privée est en plein boom en Europe. Si bien que les entreprises de sécurité ont de nouvelles prérogatives, comme l’armement. Zoom sur cette tendance à l’échelle européenne.
L’armement des agents de sécurité est déjà possible dans la plupart des pays voisins de la France
La France vient de permettre l’armement de certains agents de sécurité. Si cette mesure porte à débat, tous les pays frontaliers de la France ont déjà passé le pas depuis longtemps. L’Espagne est un précurseur : le port d’arme est autorisé pour certains agents de sécurité depuis 1993. Vient ensuite la Suisse depuis la loi fédérale du 20 juin 1997. Puis l’Allemagne avec le Germany Federal Weapon Act le 11 octobre 2002. La Belgique et l’Italie suivent respectivement par arrêté royal en 2006 et par décret ministériel en 2009. Chaque pays a fait évolué ses lois en fonction des évènements (terrorisme notamment) ou tout simplement pour améliorer ces mesures. Dans tous les pays cités, les agents portent des armes seulement pendant des missions avec un risque exceptionnel d’atteinte à leur vie ou à celle des personnes qu’ils protègent.
Des règlementations qui diffèrent
On note cependant des différences majeures entre les pays. Seuls 1% et 8% des agents portent une arme en Belgique et en Allemagne. Quand 12,6% le sont en Suisse et 25% en Espagne. L’Espagne est aussi le pays où la législation est la plus permissive. Les agents de sécurité peuvent y utiliser les armes de type A, B et D, en reprenant les termes de la législation française. En France et en Allemagne, l’État autorise les armes de type B (armes de poing : pistolets et revolvers) et D (armes non létales). Enfin, en Italie et en Suisse, tous les types d’armes à feu sont autorisées sauf les armes automatiques et les munitions explosives et à noyau dur. Ces données proviennent d’une étude comparative publiée par le site « Rendre notre monde plus sûr » (//rendre-notre-monde-plus-sur.goron.fr/armement-agents-securite-europe/).
Focus sur l’Espagne, pays le plus avancé en termes d’armement européen.
Revenons plus en détails sur l’exemple de l’Espagne, pays le plus avancé en Europe en termes d’armement des agents privés. On compte quelques 120000 agents en Espagne, soit plus que le total de policiers et de gendarmes du pays ! C’est dire le développement de la pratique. Parmi eux 30 000 sont armés, soit 6 fois plus qu’en France. Mais l’État encadre fermement la pratique. Les agents s’entraînent au tir et doivent valider un examen de tir chaque année pour exercer. Surtout, cette dynamique d’armement des agents de sécurité intervient dans un cadre de développement des liens entre sécurité public et sécurité privée.
L’idée est que public et privé avancent main dans la main pour assurer la sécurité des citoyens. Une unité de 500 policiers a pour mission de former et contrôler les agents quant aux armes. De l’autre côté, les agents font des missions sensibles comme la surveillance de centrales nucléaires ou le gardiennage de prison. Les policiers et gendarmes, allégés de ces missions, peuvent ainsi se recentrer autour de leurs missions premières (enquête, lutte anti-terrorisme, lutter anti-stup).