Pour ou contre l’armement des agents de sécurité ?
Le 28 février 2017, les députés français ont voté une loi donnant le droit à l’armement pour les agents de sécurité privée. Le décret d’application a ensuite été publié au Journal Officiel le 31 décembre 2017. Le port d’arme est ainsi autorisé depuis le 1er janvier, sous de nombreuses conditions bien entendu (voir article).
Cette nouvelle mesure suscite un vif débat. Pour mieux s’y retrouver, voici les arguments phares en faveur et en opposition à l’armement des agents de sécurité privée.
Les arguments POUR :
Armer certains agents de sécurité, c’est garantir une meilleure sécurité aux français.
Les partisans de cette loi utilisent cette argument à mainte reprises. Depuis 2012, le terrorisme frappe la France. La France demeure encore sous la menace : la DGSE a déjoué 50 attentats depuis 2013, dont 5 depuis début 2018. Les Français ne s’y trompent pas, le terrorisme est le premier sujet de leur préoccupation en 2017 selon une étude de l’INSEE et de l’ONDRP. Donner le port d’armes aux agents de sécurité leur permettrait de pouvoir intervenir plus efficacement en cas d’attaques. Après les attentats au Bataclan, des voix se sont élevées mettant en avant que des agents armés auraient pu stopper les terroristes plus vite.
L’avancée importante pour mettre en place une collaboration public-privé efficace.
Armer les agents de sécurité permettra aux agents de remplir des missions aujourd’hui assurées par les forces de l’ordre. La protection des établissements recevant du public (ERP) et des sites SEVESO pourra dorénavant être assurée en partie par des agents de sécurité par exemple. Cela permettra de soulager les forces de l’ordre, qui pourront se concentrer sur leurs missions premières (lutte anti-terrorisme, lutte anti-stup…). Permettre l’armement des agents de sécurité revient ainsi à créer une coopération et une complémentarité entre forces de sécurité publiques et privées, pour la sécurité des français.
Une mesure contrôlée qui ne concerne qu’une petite partie des agents de sécurité.
Il ne s’agit pas d’armer tous les agents. Au contraire, l’idée de cette loi est de permettre l’armement d’une petite partie des agents qui suivront une formation poussée et seront soumis à des règles strictes. La loi concerne seulement 2000 agents sur les 170 000 en France. Cet argument répond à la crainte de certains de débordements ou de non-contrôle de l’armement des agents.
Une montée en gamme salvatrice pour le secteur de la sécurité privée.
C’est un argument avant tout économique. Permettre l’armement des agents permettrait une montée en gamme du secteur et donc des marges plus grandes pour les entreprises de sécurité (marges qui sont minuscules aujourd’hui). Cela permettrait des meilleurs salaires pour les agents et des investissements dans les pans innovants du secteur (technologie de la sécurité…).
Les arguments CONTRE :
Une réponse précipitée à la pression populaire à propos du terrorisme.
Pour certains, le gouvernement agit à la hâte pour apporter une réponse à la crainte des français à propos du terrorisme. Ce serait une mesure trop rapide. C’est ce qu’avance un policier interrogé dans un article de Rendre notre monde plus sûr (//rendre-notre-monde-plus-sur.goron.fr/debat-a-t-on-raison-darmer-agents-de-securite-privee/) : « cette loi semble avoir été promulguée dans la précipitation ».
Crainte de débordements : comment former et contrôler l’armement agents de sécurité ?
La formation des agents est l’argument phare des opposants à l’autorisation du port d’armes pour les agents de sécurité. L’armement est un sujet très sensible. Il suppose une formation poussée et un contrôle drastique des agents. De quelle manière le secteur privé et l’État vont former les agents ? Comment vérifier si un agent est fiable (casier judiciaire…) ? Quel contrôle au quotidien sur l’action des agents armés ? Autant de questions qui nécessitent une lourde réflexion mais aussi de gros moyens financiers (formation, contrôle). C’est un véritable défi pour le milieu de la sécurité privée, et l’erreur n’est pas possible. Beaucoup se demandent si l’État, en voulant régler un problème de sécurité, n’en a pas créé un nouveau…