L’étendue phénoménale de la sécurité privée chez les américains

Aux Etats-Unis, royaume du libéral, le secteur de la sécurité privée prospère. On parle là-bas de « private police », surnom témoin de l’ampleur du phénomène. On trouve des agents dans les sphères privées comme publiques, comme soutien aux forces étatiques ou même en remplacement. Alors qu’en France, la sécurité privée se développe peu à peu, focus sur un marché déjà mature.

Le marché américain, un marché prospère…

On trouve outremer trois fois plus d’agents privés que de policiers. Ce sont 64 milliards de dollars de chiffre d’affaire qui sont générés chaque année, faisant de ce pays le premier marché au monde. Ce secteur américain est très dynamique : la croissance du secteur est de 5% par an.

… Et qui reste peu régulé

Contrairement à l’approche régalienne française, les Etats-Unis considèrent la sécurité comme tous les autres services. Ce secteur n’est aucunement privilégié. En effet, la rémunération des agents de sécurité est faible : 23 000$ par an (17 800€). Ils sont peu formés, le minimum de formation est de 8h à New York pour un agent de base. En outre, les contrôles règlementaires sont légers. Ce n’est qu’après les attentats de 2001 que la législation imposa la vérification morale des agents.

Une philosophie américaine bien différente

L’approche américaine de la sécurité découle de la vision britannique. La protection des biens et des personnes relevait de la responsabilité des individus eux-mêmes, des citoyens sains de corps et d’esprit. Au début du XIXème siècle, Sir Robert Peel écrit : « Le peuple est la police et la police est le peuple ».

C’est ainsi que les Etats-Unis ont diverses polices, à des niveaux différents. On trouve une police à l’échelle de la ville ou du village, une police à l’échelle de l’Etat, et une à l’échelle du pays. Les polices sont donc proches des citoyens.

Les agents de sécurité privés ont bien souvent des pouvoirs semblables à ceux de la police publique. On trouve par exemple sur les campus des universités américaines des agents privés agissant comme des policiers. Ces situations ne sont pas comparables aux statuts particuliers du Code de la Sécurité Intérieure français.

À travers les polices privées, les américains réclament leur droit à l’autodéfense, de la même manière qu’ils revendiquent le port d’armes à feu. L’Etat américain n’a pas le monopole de la sécurité, la méfiance traditionnelle des citoyens envers cette entité l’en empêchant. Ainsi, l’histoire laisse une grande place au secteur privée. Des entreprises ont pu devancer la sécurité publique en innovant. Par exemple, c’est le fondateur d’une société de détectives privés qui organisa les renseignements lors de la guerre de Sécession.

La sécurité aéroportuaire, un mouvement contraire chez les américains

Tous ces exemples cités plus haut vont dans le sens d’une plus grande externalisation de la sécurité aux Etats-Unis. Un domaine en revanche va dans le sens contraire : la sécurité aéroportuaire. La pays nationalisa cette activité après les attentats du 09/11 qui avaient mis en cause les contrôles de sécurité à l’embarquement. Auparavant, les aéroports déléguaient cette activité à des prestataires privés : 30 000 employés pour 300 aéroports. Le Transport Security Act banni toute activité privée dans ce secteur.